Après 9 ans de participation dans le programme de méthadone, je n’ai aucun doute d’avoir pris une bonne décision. Bien qu’il me soit arrivé de changer d’avis. La première année tout se passait très bien, je me reposais physiquement et moralement. De nombreux problèmes se sont volatilisés : pas de course au poison, plus besoin de chercher de l’argent, plein de temps ; je me levais les matins sans peur d’être malade. Et surtout, je m’en foutais royalement de tous les flics. Que du bonheur ! J’ai pris presque 20 kilos alors que j’avais déjà le VIH. Je passais beaucoup de temps avec mon fils, je m’en occupais mieux, nous nous sommes rapprochés même si il ne comprenait pas ce qui avait changé en moi. Je lui disais que j’étais moins malade alors qu’avant il m’entendait souvent dire «laisse-moi, je suis malade» ou «je suis occupée», etc.
Mais ce paradis n’a duré qu’un an. Les toxicomanes sont psychiquement instables, ils ne sont pas adaptés à la société. Personne ne voulait m’embaucher, je n’avais pas d’argent, je ne savais pas vivre dans ce monde, nouveau pour moi. Personne ne pouvait me l’apprendre. Mon frère m’aidait financièrement. Sans lui j’aurais craqué encore plus tôt. Quand il est mort j’ai perdu la personne qui m’était la plus proche après mon fils. Ainsi commença la période la plus atroce de ma vie.
Je suis restée seule sans aucun soutien moral, sans moyens d’existence, avec un jeune enfant à qui il fallait apprendre à vivre et je ne savais pas faire. Je ne sortais pas de la dépression depuis plusieurs années, je ne pouvais pas m’en sortir toute seule. Je craque. Au début je buvais 10 centilitres de vin pour remonter le courage et ne pas avoir à me piquer. Des drogues me viennent à nouveau entre les mains car je ne connaissais qu’un moyen de résoudre mes problèmes financiers : le trafic, j’ai commencé à me démener comme on dit. Bientôt j’ai recommençais à me piquer occasionnellement, la vodka a remplacé le vin. Je continuais la méthadone aussi. Mon cerveau ne fonctionnait plus d’une manière adéquate…
Quand, en 2003, j’ai appris que j’étais séropositive on m’a dit qu’il ne me restait que cinq ans à vivre et ce à condition de mener la vie sobre et manger équilibré. C’était tout le contraire dans mon cas et j’en ai conclu qu’il ne me restait que 2 ou 3 ans. Je dégringolais. Désespoir, colère, la haine et mépris envers moi-même. Personne n’aurait pu m’abaisser plus que je m’abaissais moi-même. Je ne pouvais rien y changer. Je n’avais pas peur de mourir, j’en avais envie. Pendant un an et demi je buvais, je me piquais, je consommais des cachetons et de la méthadone, tout en même temps.
Maintenant que j’ai traversé tout ça, je comprends qu’avec la méthadone j’aurais pu m’en sortir s’il y avait dans le programme des groupes d’entraide, un psychologue, un soutient matériel, une assistance à la recherche d’emploi. Je n’aurais pas craqué. En effet, au début du programme, j’avais tellement envie de tout changer dans ma vie. Malheureusement il a fallu beaucoup trop de temps pour qu’une partie de ces aides commence à fonctionner dans le cadre du programme de TSM.
Oser dire ouvertement qu’autrefois elle vendait de la drogue pour résoudre ses problèmes financiers… tout en empoisonnant les autres, elle ne manque pas de culot !
Sincèrement, on ne la regrettera pas. Dans la vie, tout se paie…
C'est bien dommage que le programme de methadone n’est pas examiné jusqu'à la fin.