Concours-Internet transnational «Maya». Vidéos, photos, affiches, dessins contre la toxicomanie et l'alcoolisme

12.11.2012       12:45       62 ͤ jour       Lyudmila

Après deux mois passés en prison, j’ai été transférée dans une colonie des femmes. Ca faisait peur, mais après deux mois en prison j’étais devenue plus rassurée.

La zone m’a frappée avec sa noirceur. Tout le monde est habillé en noir, que des foulards sur les têtes et des matricules sont blanches: nom, prénom, terme, date de libération. L’uniforme est obligatoire pour tout le monde: un chemisier blanc avec des pois bleu clair, une robe sans manches noire, une veste noire, des chaussures noires. Tous les vêtements qu’on m’a donnés n’étaient pas de ma taille. On m’a donné ce qu’il y avait en stock ou plutôt, ce qu’il est tombé sous la main, on m’a déguisée comme  un épouvantail.

Aussi j’étais frappée par des grands baraquements où on habitait. Sur le territoire il y avait 3 baraquements à l’étage. C’était des locaux énormes, il y avait deux rangées de lits superposés deux par deux, 120 personnes y vivaient. La moitié travaillait le jour, l’autre moitié – la nuit.

A la zone j’ai rencontré Irma. Mon mari m’en a parlé. C’était la copine de notre voisin Slava. C’est vers elle qu’on m’a envoyé. C’était sa troisième condamnation, et au moment où nous nous sommes rencontrés, elle avait déjà fait un an et demi. Irma était aussi une toxicomane, alors elle m’a mis au courant des affaires et de la vie à la zone. C’est elle aussi qui m’a aidé de recoudre les vêtements pour que je puisse ressembler à quelqu’un.

Ce qui était le plus dur pour moi c’était le fait que j’ai commencé à avoir le syndrome de sevrage. En prison on nous faisait souvent passer des colis, mais mon transfert était tellement inattendu que je n’ai pas eu le temps de recevoir quoi que ce soit. J’étais très malade, mais à la zone il n’y avait rien d’autres que du thé.  Et des «roues»: des cachets de dimedrol et d’élénium. Bref, de n’importe quoi. Mais manque d’opium je m’y suis mise et j’en avalais pendant un mois pour n’importe comment abrutir la tête et m’oublier. J’en mangeais des poignées entières, Irma s’en est occupée.

Puis on m’a emmené de l’opium de la maison. De l’autre côté ils se sont entendus avec des soldats qui gardaient la colonie, et à une heure précise ont l’a balancé par-dessus la barrière. À cette époque-là il n’y avait que 3-4 personnes qui se droguaient déjà dehors, et pendant tout le reste du temps je kiffais avec Irma.

La seule chose qui était convoité à la zone et que beaucoup consommaient c’était du thé. Il était assimilé à la drogue par l’administration, et si on en trouvait plus de 50 grammes pendant les fouilles, on allait en isolation au cachot pendant 10-15 jours. Le thé se vendait au noir. On le mesurait avec des boites de la poudre dentifrice. C’était la seule chose qui fournissait de l’énergie. La nourriture était très mauvaise, et on avait droit à un colis de cinq kilo uniquement si on avait fait la moitié de terme.
Aussi il y avait des ateliers de couture. On avait à coudre des tentes et des mitaines en grosse toile. Moi, évidemment, je ne savais pas coudre; l’objectif journalier coutait 50 gramme de thé. C’était très strict, si on n’avait pas fait sa norme, on allait en isolation. J’étais sauvée parce que dans le colis qu’on m’a fait passer il y avait de l’argent et je pouvais acheter mon objectif journalier. Mais il fallait quand même aller au boulot.

Deux fois par jour il y avait des appels. Tout le monde s’alignait sur la place et on vérifiait tous les noms avec des cartes. Par tous les temps on devait rester comme ça pendant une heure et demie.

Plus tard j’ai appris qu’à la zone fleurissait l’amour entre les femmes. Et quel amour ! Je n’ai jamais vu qu’on aimait les hommes autant et qu’on se consumait autant de chagrin à cause d’eux. Je ne pouvais pas le comprendre, et avant je n’en ai jamais entendu parler. Seulement plus tard, après être arrivée pour une deuxième condamnation, j’ai compris en détail pourquoi cela se passait ainsi.

Avec des «roues» et le poison j’ai dormi presque tout mon terme à la zone, et je ne me suis pas aperçue qu’il était déjà temps de sortir…

 

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Commentaires:

  • Hélène, 13.11.12, 13:23

    Je ne peut pas comprendre, comment est possible de se charger avec du the...

  • Sofie, 12.11.12, 19:27

    Même à la prison il est difficile sans les connaissances.

  • Eric, 12.11.12, 14:15

    Donc, si tu as de l’argent tu peut vivre pas mal même à la prison.